Oct.
2018

L'actualité du Mois



Europe : Le Rêve ou le Cauchemar
Par
Gilles Marchand


Entre les aspirations des peuples et les traductions politiques que les partis ont a offrir à l’Europe, il y a un abysse dans lequel le continent est trop souvent tombé. Le temps de réinventer l’idée européenne est venu.

Nous n’avons apparemment pas tous vécu la même histoire. La mémoire, ou tout simplement, la connaissance que vous en avons diffère selon les individus et certains groupes sociaux. Le tissu sociétal s’est en effet tellement délité, a tellement évolué vers un émiettement à tous les niveaux, les médias sont tellement fragmentés en chaines contiguës, et les réseau sociaux achèvent tellement d’éparpiller les données que recueillent les citoyens, que la perception des choses s’est diffractée. Même l’école subit ces soubresauts et on peut aujourd’hui parler d’une pédagogie clanique, qui nuit aux savoirs et accentue les croyances ou une forme de repli identitaire. Il y a une partition intellectuelle qui s’opère et qui fait que le corps social se dégrade en terme de partage et d’unité, même si certaines de ces compartimentations peuvent aussi favoriser un enrichissement intellectuel personnel. L’éducation est un acteur essentiel de la cohésion d’une nation et on peut parler de nation européenne dans la mesure où la souveraineté européenne et française — par exemple — s’additionnent pour donner un plus évident face aux mouvements du monde.

Le projet européen s’étiole.

Beaucoup de forces lui portent des coups pour tenter de le battre en brèches. Il fâche autant qu’il peut séduire. Certaines traditions politiques de triste mémoire cherchent à le faire échouer tant les valeurs sur lesquelles il repose vont à l’encontre de leurs préceptes discutables. Son ouverture au commerce, son libéralisme, parfois exagérément porté, peut parfois créer des dégâts, voire des diktats, notamment sociaux et environnementaux, et est donc vécu par beaucoup comme une négation de l’humanisme qu’il devrait normalement défendre. Il y a eu un dévoiement. Un indéniable oubli de l’essentiel. Même si cette philosophie est plus proche d’une possible correction que ne le sont les idéologies collectivistes. Il est important de ne jamais baisser les bras. Faire émerger les jalons d’une pensée nouvelle est moins directement évidente qu’il n’y parait.

L’immigration est une de ces force à l’œuvre. Elle jette des millions de « migrants » sur les routes et à travers les mers, créant une pression, une tension quasi mécanique qui met, d’une certaine manière, l’Europe à l’épreuve. Ces migrations agissent comme des révélateurs. Elles dressent les contours de caractères qui s’affirment dans le bien comme dans le mal. On assiste à l’accentuation d’une forme de manichéisme qui nous prive des aspects nuancés de la réalité. De plus en plus de pseudo-penseurs s’érigent en autorités morales et on assiste aux discours hallucinants « d’écrivains » bornés qui prônent des retours en arrière et des grossièreté sans nom qui devraient instantanément discréditer ceux qui les profèrent.

Or, les migrants ne sont pas coupables de ces phénomènes. Mais ils en sont bien les victimes, les déplacés d’une logique qui a crée tant de dérèglements qu’elle demande aujourd’hui une complète réinvention. Elle n’est clairement pas une fatalité, mais un symptôme du dérèglement climatique qu’une politique énergétique catastrophique, notamment, a engendré. On rejoint par là la vision économique d’un cycle qui s’achève actuellement. Le monde adopte un nouveau régime qui commence seulement à faire sentir ses effets positifs. La transition énergétique est encore trop faible, mais elle permettra de corriger beaucoup de phénomènes, même si nous dansons actuellement au bord d’un gouffre.

Il nous faut d’urgence modifier notre comportement.

La première des choses que nous pouvons faire en tant qu’adultes et de devenir plus conscients et mieux informés de tous les phénomènes qui touchent nos sociétés. Pour mieux agir, pour mieux comprendre et discerner l’endroit où se tiennent les bonnes et le mauvaises problématiques. Savoir dans quel sens aller, dans quelle direction se rendre pour atteindre les objectifs louables que nous pouvons viser. Gommer les erreurs, rectifier les errements. Faire le nécessaire pour corriger les dysfonctionnements d’un monde qui, malgré beaucoup de réussites, se fourvoie. L’Europe est le fer de lance d’une projection civilisationelle qui la portera dans les siècles à venir. Il est temps de battre en brèche une idée, un début de croyance, nocif et délétère.

Notre planète n’est pas programmée pour disparaitre



Nous imaginons trop facilement la fin du monde. C’est une vieillerie de l’histoire. Elle est aussi vieille que la mort. Elle a toujours impressionné et parfois paralysé des peuples au point de les rendre atone. Mais l’humain tient effectivement son destin entre ses mains. De son attitude dépendra son salut ou pas. Comme de toute éternité. De nos décisions actuelles dépend notre capacité à faire pencher le fléau de la destinée du bon côté.

Le populisme, qui cherche à saper les fondements du projet européen, tente inconsciemment de renouer avec une tradition de violence qu’il a toujours porté. Il l’héberge comme on fait en soi grandir les fruits amers du ressentiment. Sachons déceler les contours de cette monstruosité qui émerge et la chasser de nos esprits, de nos pensées et de nos choix électoraux. L’extrême-droite n’a jamais réussi quoi que ce soit. Par contre, elle est excessivement douée pour provoquer des catastrophes. Le fait que des périls autres se soient néanmoins peu à peu constituées, plus lents à discerner et plus imprévisibles, a ramené à la vie ces fauteurs de guerre. Ils ont bénéficié du flou médiatique qui s’est peu à peu installé. Les « fake news » sont le colostrum naturel dans lequel s’épanouissent les organismes de ce type. L’imprécision, l’incapacité à nommer ce dont nous souffrons, assure des saufs conduits à ces tristes sires, et ajoute au malheur du monde comme disait Camus.

Il est grand temps de réinventer le projet européen.

L’Europe est en réalité le seul et le principal antidote de ce poison. Elle seule peut endiguer la montée de ces destructions à venir. En construisant, en inventant, en imaginant un avenir qui s’inspire véritablement du meilleur de la tradition humaniste. Des valeurs de civilisation grecques et latines. Du meilleur des civilisations mondiales qu’elles soient arabes ou hindouistes, africaines, ou amérindiennes. Il est possible de bâtir une synthèse intelligente du meilleur du monde à la dimension de l’Europe et de développer pour ses citoyens cette excellence spécifique tout en ayant une place fondamentale au sein de la communauté internationale. Une relation et un discours à destination du monde qui soit audible, dont la nécessité paraisse évidente à tous. Un endroit où toutes les valeurs européennes en termes de droits de l’homme, de respect de la vie et des femmes, de protection de l’enfance, des animaux, de liberté de la presse, de droit d’association, de réunion, ou d’aller et de venir, d’équilibre des pouvoirs, etc, soient respectées.

Nous avons besoin de faire coïncider le projet à la réalité nouvelle qui s’est petit à petit fait jour dans nos esprits. Faire le nécessaire pour bénéficier d’une configuration sociale qui soit plus celle de l’avenir que celle du passé comme c’est encore trop souvent le cas. Puiser à cette source constitutionnelle et organisationnelle nouvelle. Cela veut dire faire jouer les éléments de la modernité dans la prise de décision. Améliorer l’éducation pour qu’elle crée des citoyens émancipés à tous les niveaux, l’enseignement supérieur pour qu’il crée une  grande prospérité, l’innovation pour qu’elle puisse créer des inventions décisives pour solutionner les crises qui nous viennent. L’agriculture doit pouvoir faire sa révolution et le respect des paysans ne doit plus être remis en cause par la distribution en particulier.

Chacun doit vivre mieux sans handicaper le milieu.

Le mode de production doit être entièrement refondu pour correspondre aux nécessités écologiques nouvelles. Nous devons mieux gérer les problématiques ambiantes, et aller bien au delà de la gestion. Inventer une philosophie de vie qui nous permette d’atteindre de nouvelles dimensions humaines en matière de tolérance et de conscience des autres et bâtir cette civilisation sur l’empathie, l’affection, et l’amour. Une générosité, une bienveillance nouvelle pour autrui confronté aux difficultés d’une époque qui aurait normalement du engendrer violence et pénurie. Nous pouvons faire l’inverse. Nous pouvons développer un autre monde. Retrouver le goût de l’abondance et du respect de chacun. Cet horizon va demander une implication plus grande. Une vigilance accrue. Mais aussi une ouverture spécifique du cœur comme de l’esprit. C’est un nouvel homme qui doit émerger d’une telle entreprise de régénération. Le Renouveau auquel nous aspirons. La possibilité de vivre autrement un futur qu’il vous appartient à présent de créer.

24 Septembre 2018

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