Mars
2016

L'actualité du Mois



Solutions pour une Europe en Danger
Par
Gilles Marchand


Actuellement confrontée à plusieurs problématiques géantes, l’Europe manque de leadership et elle tarde à prendre les décisions décisives qui s’imposent. Absence de vision qui demande de la part de sa société civile et de ses décideurs un surcroît de vigilance et de clairvoyance.

Jamais l’Europe n’aura connu dans son histoire récente un tel état d’urgence. Menacée de toutes parts, elle doit faire face à des dangers multiples et à une situation d’une nature nouvelle. Ce qui est vrai à l’échelle du monde, des bouleversements inédits qui affectent toute l’articulation d’un ordre symbolique aux prises avec une redéfinition majeure du monde, l’est encore davantage ici en Europe et très cruellement, à l’heure où des attentats violents frappent la capitale belge.

Ce qui est visé, ce n’est pas simplement Bruxelles, c’est toute l’Europe. Il est temps que ses décideurs réalisent que l’absence de vision collective et de prise de décision en commun est un dangereux contresens historique qui menace l’intégrité de l’union européenne dans son ensemble mais chaque pays pris individuellement qui se croit à l’abri dans un isolement d’autant plus néfaste qu’il le prive d’une échelle supérieure de résolution de ses problématiques. Les politiques menées à hue et à dia par un nombre grandissant de dirigeants européens sont particulièrement contre-productives puisqu’elles ne font qu’accentuer des difficultés  qui, laissées en souffrance, ne font que s’amplifier face à l’absence de volonté conjointe et elles empêchent des résolutions qui prises au début seraient plus aisées et plus efficaces.



C’était déjà le cas dans le cas de la crise de l’Euro, où les déclarations tonitruantes de Deauville en 2010, où l’absence de mutualisation des dettes et surtout l’interdiction faite à la BCE de prêter en dernier ressort aux états ont failli remettre en cause les fondamentaux d’une construction monétaire encore inachevée. Cela l’a été face à la Grèce, où une réponse tardive à dangereusement menacé les équilibres internes d’un pays quasiment lâché dans un premier temps par ses partenaires naturels. C’est à nouveau le cas dans la crise migratoire qui a part liée avec celle du terrorisme et du rôle diplomatique que l’Europe n’a pas suffisamment assumé en Syrie. Là où elle aurait du peser de tout son poids pour juguler une crise, elle n’a fait que se désengager dans un attentisme qui n’a fait qu’envenimer les choses et nous récoltons les fruits amers de ces positionnements hasardeux à la fois en terme de migrations et en terme de terrorisme (et il faut à ce titre inclure la politique trop frileuse de l’Europe vis-à-vis du développement de l’Afrique).



C’est cette constante absence de consensus intra-européen et de leadership véritable qui a démultiplié les problèmes et a fait que des situations encore parfaitement gérables au départ deviennent à ce point larvées qu’elles paraissent aujourd’hui insolubles. Ce n’est pas là une fatalité. Mais la commune compréhension d’une nécessité vitale de s’accorder autour de décisions fortes et perceptives presse plus que jamais. Nous manquons de Vision, de Volonté et de Valeurs. Beaucoup d’hommes et de femmes ont travaillé à résoudre ces problématiques, mais un certain nombre de décisions ont fait disparaitre au sein des organigrammes, les politiques par eux pilotées. Il faut que revienne le temps de l’inspiration et de l’expérience. Il faut aujourd’hui une forme de créativité politique pour juguler les crises qui nous arrivent. Sans angélisme ou naïveté, une meilleure attitude doit guider des leaders européens, issus d’une nouvelle génération, plus soucieux de faire jouer la puissance collective d’un continent qui a tous les atouts pour résister aux chocs nouveaux qui l’assaillent.



Nous sommes effectivement confrontés à une volonté hostile de la part d’un certain nombre d’acteurs, mais nous avons beaucoup d’alliés. Tous ceux qui luttent pour la liberté et contre l’obscurité de crédos d’un autre âge, pour l’éducation, la science et le progrès, c’est à dire l’ensemble du monde libre. Ce n’est pas d’une confrontation armée que viendra la solution. Mais bien d’une victoire idéelle, car nos valeurs si elles nécessitent parfois des ajustements pour établir une dynamique plus équitable de l’action internationale, sont infiniment plus humaines que celles de nos ennemis proférés. Nous avons pour nous le corpus réel de valeurs européennes qui ont cours partout dans la mesure où elles restent largement universelles, si nous nous donnons effectivement la peine de revenir puiser à leur source. Nous ne sommes plus seuls dans l’univers et c’est une bonne nouvelle. Les relations d’interdépendance n’en seront que plus fructueuses.



Il faudra nourrir le projet européen des notions les plus modernes et les plus adaptées à la nouvelle articulation du monde que nous rencontrons. Des règles politiques nouvelles, la fin d’un certain clientélisme qui doit se translater davantage en direction d’un intérêt général véritable et d’une transparence accrue. Les citoyens sont aujourd’hui dotés d’outils nouveaux qui leur permettent de mieux connaitre ces scandales sanitaires ou autres, et la nécessaire édification d’une cohésion politique générale, intime aux politiques l’ordre de faire coïncider leurs paroles et leurs actes. D’où l’état de déliquescence politique des pays européens confrontés à des populismes dangereux dont l’histoire et la littérature nous enseignent très clairement où ils peuvent mener. Il y a une redéfinition à trouver. Un projet à réinventer. Sans table rase, mais devant le délabrement de l’édifice, il nous faut revenir aux fondamentaux pour assainir les fondations. Tout n’est pas à réinventer mais beaucoup doit être corrigé. Partout la parole énoncée doit être en accord avec la pensée et l’action. D’une sincérité et d’un honnêteté nouvelle naitra une exemplarité  aujourd’hui indispensable. C’est une part essentielle du Renouveau. C’est un des aspects primordiaux de la relance d’une Europe menacée de l’extérieur comme de l’intérieur.

Pour changer le monde, il faut se changer soi-même…


22 Mars 2016

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