Juillet
2015

L'actualité du Mois



Un Jeu Dangereux
Par
Gilles Marchand


Rien ne peut à se point résumer l’importance d’une lecture clairvoyante de la situation européenne actuelle. Les européens ne doivent pas se tromper sur l’interprétation qu’ils en feront et les réponses qu’ils lui apporteront.

Il est fondamental que les européens aient une attitude qui ne provoque pas de drame ou qui puisse renforcer ceux qui souhaitent l’échec de l’Europe. Berlin ainsi que certains européens à l’heure présente se trompent lourdement en considérant que le derniers ponts avec la Grèce sont rompus. Jamais l’Europe n’a été aussi présente et attendue dans les esprits grecs. Le Non de la Grèce, ce n’est pas un Non à l’Europe ou à l’euro. C’est en réalité un oui à l’Europe. C’est un Non à l’austérité et à la politique qui a été menée depuis 2008. Celle-ci n’a fait qu’engendrer des catastrophes. Au delà du nécessaire respect de la démocratie et de la bonne nouvelle que représente en réalité ce vote. Les allemands font preuve d’un leadership désastreux. S’il faut rendre hommage à leur pragmatisme, qui a pu contribuer à assainir des situations délicates, il faut parallèlement dénoncer une gestion pour le moins hasardeuse qui a déjà abouti à créer des problèmes géants. On se souvient de Deauville 2010, quand Merkel et Sarkozy ont pris des décisions lourdes de conséquences pour l’euro. Il a fallu quatre ans pour voir la décision de prêter aux états en dernier ressort adoptée par la BCE, pour que la crise spéculative s’interrompe du jour au lendemain. Entre temps les taux d’intérêts étaient montés dans toute la quasi totalité de la zone euro, creusant le déficits d’états déjà fragilisés. Cette fatalité a été renversée. Et il faut rendre hommage là également à la France pour une vision qu’elle a en grande partie inspirée à la BCE.



L’urgence est là. Les bonnes décisions doivent être prises. Ne pas renforcer les forces centrifuges en Europe, renforcer la cohésion européenne, ne pas faire d’erreur d’interprétation. On ne peut assécher la circulation sanguine du continent, à savoir les transferts d’argent, sans provoquer des conséquences désastreuses. Il s’agit que les grecs paient leurs dettes dans le long terme, mais il faut pour cela différer les échéances de remboursement et capitaliser à long terme sur les intérêts. Un paiement ramené à des dates ultérieures a le mérite, comme l’affirme Dominique Strauss-Kahn, de ménager l’avenir. L’intransigeance qu’elle soit allemande ou grecque n’est pas la solution. Comme le dit Tsipras lui-même il existe des solutions justes et viables. Mais il faut que l’Europe ait la capacité à faire preuve d’une intelligence politique salvatrice. Sagesse, Solidarité, Solidité, Force. L’Europe ne doit pas transformer cette réponse en psychodrame et avoir la dimension morale suffisante pour amener les solutions qui doivent émerger. Ce qui apparait, c’est que actuellement l’Europe tient son destin en main.



Soit elle rejette la Grèce et les désidératas exprimés par son peuple, et c’est la catastrophe, la sortie de l’Euro, le retour à la Drachme, la dévaluation, le marasme à court terme, et la récupération par toutes les forces opportunistes qui attendent que de telles décisions interviennent. Soit l’Europe prend les bonnes décisions. Elle tend la main à la Grèce.  Elle diffère ses remboursements, elle évite la déstabilisation de la zone euro qu’elle prémunit contre un danger mortel. Il faut tenir bon. L’Europe doit montrer au monde qu’elle a les reins plus solides. C’est l’intérêt des français et surtout des allemands. Arrêter la propagation du feu dans la copropriété. Sauver l’ensemble de l’édifice en traitant sérieusement le départ d’incendie. C’est l’intérêt des grecs et des états qui sont en cours de restructuration. Il faut des règles, mais des règles qui fonctionnent et ne provoquent pas un approfondissement de la crise. Il faut que la France joue un rôle de médiateur. Elle a cette possibilité. Elle doit le remplir dans l’intérêt de tous.



Il faut donc un accord et il faut une volonté, une vision et des valeurs. L’espoir qui s’exprime ne doit pas être douché, car le retour de balancier politique pourrait être terrible. Quand une solution s’est montrée insuffisante, il faut changer de solution. La prise en compte humaine et juste des grecs est une nécessité pour toute l’Europe. Nous nous en sortiront unis, ou nous ne nous en sortiront pas. Mais la noyade est bel et bien interdite. La dignité retrouvée des grecs, c’est la dignité retrouvée de tous les européens. L’Europe des peuples restaurées et une opportunité pour l’Europe de redorer son blason aux yeux des citoyens. Nous avons les moyens économiques et les solutions politiques qui doivent nous sortir de cette ornière. Une modernisation économique est également essentielle dans tous les pays, et en particulier pour la Grèce, où une politique innovante doit être imaginée pour restructurer l’activité et décupler sa productivité. La Grèce est un grand pays. Elle est directement à l’origine des bases de l’Europe. L’Europe ne peut imaginer faire sans elle en l’occurence, car elle est aux sources de l’âme du continent. Nous devons un grand respect aux grecs qui nous indiquent la voie, comme toujours. Chaque renaissance européenne s’est faite grâce à un retour aux valeurs grecques et romaines. C’est à nouveau le cas aujourd’hui, d'une certaine façon. Donnons leur chance aux grecs, car c’est à nous-mêmes en réalité que nous ménageront un avenir meilleur. Nous avons cette énergie. Il nous faut retourner cette situation dangereuse et que le jeu allemand ne fait qu’envenimer par une intransigeance et une fermeté exagérément rigide, une vision  excluante qui doit nécessairement être réfutée, pour établir les fondements d’un véritable Renouveau européen…

Addendum du 7 juillet 2015 : Devant l'urgence de la situation qui voit de grandes parts de la population grecque se trouver en apnée financière, dans l'impossibilité absolue de pouvoir assurer des besoins essentiels, de payer des loyer ou d'aider des enfants à l'étranger, tant la multiplicité des situations délicates est grande, il ne faudrait pas qu'une nouvelle intransigeance redevienne la norme à Bruxelles. On ne peut rester dans le dialogue de sourds, l'absence de clairvoyance ou les solutions à court terme, même s'il faut une réponse rapide. Il s'agit absolument que les grecs acceptent des normes et des règles et fassent des propositions concrètes en matière de fiscalité, de restructuration de l'économie, de cadastre, de douanes et les européens peuvent y contribuer. Il s'agit que la Grèce se dote enfin d'un état moderne et efficace, qu'elle en fasse le choix en tout cas et commence à s'atteler à cette tâche. La Grèce a adressé un message très clair à l'Europe, un message profondément démocratique, et elle s'est mise en ordre de marche pour mettre en œuvre les solutions qui seront adoptées. Il faudrait qu'une divine inspiration guide nos dirigeants, pour déméler le nœud gordien auquel ils sont confrontés. Une désinvolture face à cette situation serait incompréhensible. C'est la responsabilité de chacun qui doit s'exprimer. Ce n'est qu'à ce prix que les remèdes d'urgence que nous connaissons pourront être appliqués et qu'une stratégie de long terme mise en place.

Dimanche 12 juillet 2015 : Le temps qui passe a son génie propre, puisque les mentalités évoluent, les bouches s'ouvrent pour exprimer leur ressenti et certains documents, qui retracent l'histoire de cette crise et des manières dont nous en sommes arrivés là,
apparaissent. Nous avons vu le vote grec, le revirement du gouvernement Tsipras, le choix positif du parlement à 80%, et l'intransigeance de certains états du nord qui se manifeste, et un ultimatum lancé. Le Jeu actuel orchestré par l'Allemagne est véritablement dangereux pour la cohésion européenne. Il alimente le sentiment de révolte, de dégoût, de déception, voire de colère propice à faire le lit des pires réactions, et d'ouvrir la voie aux populismes les plus abjects. Elle fait dire à Yannick Jadot que nous sommes entrés dans une forme d'irresponsabilité. Ce qui est sûr est que le leadership européen n'a pas mandat à écraser un peuple, une nation, un pays. Il encourt, s'il persévère à faire ce qu'il semble avoir l'intention de faire, une grâve responsabilité dans la mesure où Wolfgang Schäuble et Angela Merkel semblent préfèrer menacer la cohésion européenne plutôt que de dire la vérité sur la dette grecque au peuple allemand. Cette séquence est éminemment nocive, malgré l'exemple démocratique grec. Il est temps que les comptables qui encombrent les couloirs de Bruxelles s'effacent pour faire place à de vrais politiques. Nous avons besoin de véritables leaders à la tête de l'Europe, capables de protéger l'ensemble des citoyens européens, et d'imaginer une voie de stabilité et de prospérité à suivre, fruit d'une vision ultra-inspirée qui s'appuie elle même sur un grand dessein à l'échelle du continent et au-delà. Il ne peut y avoir de déconnexion avec la réalité. La seule vraie alternative est de maintenir la Grèce dans l'Europe et dans l'euro, sinon, nous aurons à payer une facture bien plus lourde que ce que nous hésitons prudement à consacrer à ce pays. Le robinet monétaire de la BCE était ouvert à hauteur de milliers de milliards d'euros pour les banques et on cale actuellement pour quelques dizaines de milliards. Ce qui se joue en réalité est plus grave encore. Comme le disait Goya, placé face à l'hégémonie napoléonienne de son époque, le sommeil de la raison engendre des Monstres... Il est temps que le discernement général et l'intérêt supérieur de l'Europe, atteigne un stade qui lui permette de prévaloir...

6 Juillet 2015 - Mis à Jour du 7 au 12 juillet 2015

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