Avril
2014

L'actualité du Mois

L'Europe au miroir de la France
Par
Gilles Marchand




Il reste un mois à la France pour prendre la bonne décision en matière d'Europe. Il en va ni plus ni moins que de son avenir dans les années cruciales qui s'annonçent
.

Ce n'est pas le moment de flancher. Pas le moment de mettre pied à terre ou de se démobiliser. Pas le moment de manquer à l'Europe qui a besoin d'une majorité politique claire pour aller dans le sens des réformes sociales que nous attendons tous. Il est tout de même étrange que bien conscients des intérêts qui sont les nôtres au niveau du continent nous prenions collectivement des décisions que nous croyons à tord aller dans ce sens alors qu'elles vont précisément dans la direction inverse. Il est tout de même étrange qu'un vote — que nous n'hésitons pas à qualifier d'euro-négatif — soit considéré comme un recours, alors qu'il risquerait d'induire une orientation politique particulièrement contre-productive à l'échelle du pays et au delà.



C'est précisément le contraire des intérêts des français. Mais la période actuelle est encore celle des mystifications. Appuyées sur des considérations économiques erronées, tirant parti des difficultés que rencontre beaucoup de nos concitoyens, on flatte chez eux la tentation du rejet et à leur opinion chauffée à blanc on sert un discours démagogique, caractérisé par les inepties flagrantes et les raccourcis primaires qui tiennent lieu de programme au Front National.

Ce faisant on ment aux français en leur promettant un avenir radieux qui se fera sans lumière et sans discernement, comme cela a toujours été le cas dans ce parti. Loin de réaliser cette orientation soit-disant souhaitable, on les précipitera dans la haine et le rejet de l'autre, dans l'amoindrissement culturel et intellectuel, dans la pauvreté induite par des décisions économiques à l'emporte pièce, dans le recul et la privation d'une part prépondérante d'eux mêmes, devenant tour à tour les parias d'une Europe fragilisée puis les adversaires de leur propres intérêts et valeurs à l'intérieur d'un continent qui offre aux perspectives nationalistes un horizon en général funeste. "Le nationalisme, c'est la guerre". On pèse insuffisamment aujourd'hui la portée réelle des mots prophétiques de François Mitterrand.



Dans la situation que connait l'Europe, l'euro-progressisme est la seule voie véritablement praticable. La seule qui puisse remailler un territoire abimé par la mondialisation, la seule qui puisse réellement résorber nos déficits, et offrir à nos enfants les perspectives à long terme dont ils ont besoin. Les pouvoirs de droite ont fait montre de leur dangerosité et de leurs excès. Les libertés prises par certains avec les principes historiques de la république sont à la frontière de l'acceptable. Les pouvoirs d'extrême droite présentent les mêmes caractéristiques en pire.

Le progressisme, lui, est une affirmation d'hommes et de femmes libres dont le destin au sein de l'ensemble européen sera de faire réussir les valeurs pour lesquelles les peuples ukrainiens ont fait le choix de se battre, et même de mourir. Ce n'est pas rien. C'est la revendication ultime du statut de citoyen qu'une union européenne, qui saura se montrer généreuse envers eux, est à même de leur offrir. Il faut entendre les leçons de Kiev. Elles confortent la vigilance et la réactivité face à des tentatives qui visent à faire reculer ces mêmes valeurs. Plus que jamais l'Europe a besoin d'avoir conscience du prix que cette liberté implique, à savoir une prévention permanente contre toutes les tentatives visant à déstabiliser cet idéal. 



Aujourd'hui, une chance de refondation nous vient. Il est important que nous sachions collectivement la saisir. Important que nous soyons pleinement conscients des enjeux gigantesques que nous portons en tant que force de paix, de stabilité, de prospérité et d'équilibre environnemental. Pour ce il nous faut une prescience particulière du monde où nous sommes, monde dangereux mais passionnant, plus ouvert qu'on ne le croit généralement, et qui appelle de nous les réponses indispensables que nous devons lui fournir. Nous sommes une génération pivot. Notre rôle, finalement, se trouve renforcé par l'acuité des problématiques auxquelles nous sommes confrontés. Il faut faire ce travail et cela commence par user de ce vote, pour lequel nos arrière arrière grands parents ont parfois choisi de mourir, avec discernement en rejetant les forces obscurantistes qui se parent de nos couleurs en attendant de nous précipiter dans une forme  inadmissible de chaos politique. Soyons clairs : la seule alternative est de sortir par le haut de cette situation ! En d'autres termes, de voter pour l'Europe et non contre elle, pour nous mêmes et non contre nos intérêts véritables.


23 Avril 2014

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