Un gel "anti-VIH" testé sur 10 000 femmes africaines


Plus de la moitié des personnes séropositives vivant dans les pays en développement sont des femmes. Et la majorité des 5 millions de nouvelles infections annuelles chez l'adulte se produisent lors de rapports hétérosexuels. Ce constat pousse les chercheurs à vouloir mettre au point des outils de prévention du sida dont les femmes aient la maîtrise.

Une des pistes les plus abouties concerne les microbicides, présentés sous forme de gel à appliquer dans le vagin avant les rapports sexuels. D'ici à décembre, plus de 10 000 femmes africaines devraient participer à un essai clinique, le premier de cette ampleur, pour tester l'efficacité et la sécurité d'emploi à grande échelle du gel Pro 2000. Organisé par le Conseil de la recherche médicale (MRC) du Royaume-Uni, cet essai est financé à hauteur de près de 62 millions d'euros par des fonds publics.

"Nous avons commencé à recruter des femmes en octobre 2005 sur deux sites, l'un à Johannesburg (Afrique du Sud) et l'autre en Ouganda, explique le docteur Sheena McCormack, principale responsable du Programme de développement des microbicides du MRC. En mai, cinq autres sites en Afrique du Sud et en Tanzanie ont à leur tour entamé leur recrutement et d'autres centres, notamment en Zambie, feront de même d'ici à la fin de l'année." Le Pro 2000 a déjà fait l'objet de tests en laboratoire et d'études chez l'animal qui ont montré son efficacité contre le virus du sida, mais aussi contre d'autres agents d'infections sexuellement transmissibles comme le virus de l'herpès, les chlamydiae et la bactérie responsable de la gonorrhée.

L'enrôlement des femmes, toutes séronégatives, dans l'essai a été précédé d'une longue phase de préparation, menée de 2001 à 2003. "Il n'y a pas eu de difficultés. Les femmes africaines ont le plus souvent une meilleure connaissance de leur anatomie que les femmes des pays occidentaux. Elles ont l'habitude de faire leur toilette vaginale avec leurs doigts", commente le docteur McCormack.

La moitié des participantes expérimentera le produit, tandis que l'autre moitié aura un gel placebo. Certaines voix se sont élevées pour critiquer cette procédure qui laisserait des femmes sans protection, mais les responsables de l'essai s'en défendent. "Toutes les femmes qui prennent part à l'essai sont dûment informées et bénéficient de conseils sur la prévention, notamment sur l'importance d'utiliser des préservatifs. Il est indispensable d'évaluer l'efficacité des microbicides avant de les diffuser largement", plaide le docteur McCormack. L'étude devrait se terminer d'ici à 2010.

Paul Benkimoun

Juin 2006


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