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Grande barrière : deux études très prometteuses pour lutter contre le blanchissement des coraux
Par France Culture - 01/12/2017

Deux études australiennes importantes parues fin 2017 donnaient de vraies pistes susceptibles de combattre le blanchissement de la grande barrière de corail, phénomène de plus en plus inquiétant, qui a détruit 29 % des coraux de surfaces en 2016.

Les résultats présentés ce dimanche par une équipe de chercheurs australiens a créé l'enthousiasme: ils ont  réussi transplanter du corail sain sur ces récifs gravement endommagés. La grande barrière a connu vers deux dernières années des épisodes de blanchissement inédits dans l’histoire par leur gravité: l'augmentation de la température de l'eau en 2016 a occasionné la destruction de 29 % des coraux du surface. Elle reste constamment menacée par le réchauffement climatique. Le travail  des chercheurs de l'Université australienne Southern Cross, qui privilégie une approche novatrice ,  suscite donc de vrais espoirs : ils ont collecté fin 2016 de grandes quantité d'ovules et de sperme de coraux à Heron Island, au large de la côte orientale australienne. Car 75 % des coraux sont hermaphrodites,  et produisent à la fois des ovules et du sperme dans les cavités du polype,  qui sont libérés de la cavité au même moment, en général au cours d’une seule et même nuit.  Peter Harrison, le qui dirige ces travaux, m’a expliqué sa méthode et ses résultats.

Près de la grande barrière, cela s’apparente vraiment à une tempête de neige sous l’eau, avec des centaines de colonies de différentes espèces de coraux, qui libèrent  des quantités énormes d ovulés et de spermes, qui remontent jusqu'à la surface de l’eau, où se produit la fécondation. Une fois les ovules fécondés, un embryon se développe en  24 heures et se transforme en planula, ou larve ciliée, qui nage librement, pendant près d’une semaine,  jusqu'à ce qu'elle soit prête à s'installer sur un récif. Le problème,  c’est qu’il y a un caractère très inefficace à ce processus:   des millions de larves produites mais elles sont très exposées aux vagues, et finalement très peu d'entre elles parviennent à s'installer avec succès sur un récif.
"De larves de moins d’un millimètre, à des coraux de plus de trente centimètres de diamètre, en pleine santé!".

L'équipe de Peter Harrison capture le sperme et les ovules à la surface de l’eau, maximise les chances de fertilisation en laboratoire, et s'assure que les larves se développent correctement,  ce qui décuple évidemment leur capacité à s'installer ensuite sur le récif. Les chercheurs relâchent suite les larves en bonne santé et en grand nombre sur des récifs endommagés ou détruits. La technique a d'abord été développée à petite échelle, sur des enclos de récifs de deux  mètres sur deux, puis pour la première fois  à plus grande échelle, sur des enclos de dix mètres sur dix, avec beaucoup de succès :

Nous avons réussi refaire pousser des coraux sur des récifs qui étaient extrêmement endommagés :  en seulement trois ans,  nous sommes partis de microscopiques larves de moins d’un millimètre, à des coraux de plus de trente centimètres de diamètre, en pleine santé,  et déjà en capacité de se reproduire naturellement . Ce que nous ignorons,  c’est à quel point cette technique pourrait fonctionner à très grande échelle. Par ailleurs, pour des raisons expérimentales,  nous n’utilisons pour le moment  qu’une gamme sélective d’espèce de coraux, dont nous connaissons très précisément les modalités de reproduction. Dans le futur, le but est bien sûr d’élargir les échantillons de cellules reproductrices mâles et femelles que nous recueillons,  à d’autres espèces, et d’adapter nos techniques de manière à pouvoir, d’une certaine manière, à terme  imiter la diversité qui existe dans la nature.

"Notre étude révèle que la barrière a une plus grande capacité qu’on ne le pensait à se régénérer".

Autre lueur d'espoir: une deuxième étude australienne publiée en début de semaine dans  PLOS Biology, révèle qu'un cœur de coraux résiste au blanchissement et pourrait recoloniser toute la grande barrière...  Dans cette étude le professeur australien Peter Mumby, de l’université de Queensland affirme avoir trouvé avec son équipe quelques 118 récifs coralliens susceptibles à eux seuls de régénérer la quasi -totalité de la barrière. Pour les identifier,  m’expliquait-il,  il a appliqué une grille de trois critères précise, sans avoir s'il pouvait espérer trouver des récifs capables d'y répondre:

Nous voulions d’abord identifier des récifs qui, lors de leur épisode reproductif massif, soient capable d’atteindre un très large nombre d’autre récifs, y compris les plus endommagés, et nous en avons identifié grâce aux mouvements océanographiques modélisés par satellites ; il existe des récifs dont les larves sont capables d’atteindre une grande partie de la Barrière. Parmi ces récifs,  nous avons cherché à savoir s'il y en avait  susceptibles de n’avoir jamais été touchés par un épisode de blanchissement massif,  des récifs qui seraient donc  plus résistants et capables donc d’envoyer le plus de larves possibles. La troisième donnée à prendre compte, c’était la prévalence dans ces récifs de l'acanthaster pourpre, une étoile de mer qui est le principal prédateur des coraux. Il nous fallait trouver des récifs qui y soient peu exposés.

A sa grande surprise, Peter Mumby et son équipe ont identifié  118 récifs coralliens qui répondent à ces trois critères. C’est à peine 3 % de la grande barrière de corail, mais ces 3 % ont la capacité d’irriguer en larves la quasi-totalité de la barrière. Ce cœur de récif constitue en quelque sorte l’épine dorsale, le système circulatoire de la Grande Barrière, selon le chercheur.

Notre étude révèle que la barrière a une plus grande capacité qu’on ne le pensait à se régénérer. C’est un espoir,  mais nous savons que ce processus peut prendre du temps, et nous ignorons toujours si les coraux arriveront à s’adapter suffisamment vite aux changements climatiques. C’est la raison pour laquelle je trouve sage de soutenir des projets comme celui de Peter Harrison et son équipe. Nous ignorons bien sûr encore ce qu’il  pourrait donner à l’échelle d’un récif entier, mais cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas continuer à faire de la recherche.

Quelques chiffres de 2018 (NDLR)...

Les récifs coralliens représentent 95%  de la biodiversité côtière nationale et constituent une richesse naturelle.  Selon le bilan 2018 de l'état de santé des coraux:

 *54% des récifs mondiaux sont menacés et parmi eux 15%  risquent de disparaître dans les 10 à 20 prochaines années ( surtout en Asie du ud-est et dans les Caraïbes.)

* 20% de plus sont menacés de disparition d'ici 20 à 40 ans.

Les principales causes de leur évolution sont :

- Les pratiques de remblaiement

- La pêche

- la pollution générale littorale

- la pression démographique croissante.

Depuis la Seconde Guerre mondiale, le Monde a ainsi perdu 19 % de ses récifs corallien notamment dans les zones littorales très urbanisées.

9 Mars 2019

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