Victoire d'Alexis Tsipras en Grèce
Par Alexandre Boudet

Pourquoi il est question de la Seconde guerre mondiale. Oui le fait marquant des élections législatives en Grèce est l'éclatante victoire du parti Syriza d'Alexis Tsipras. Mais comme nous l'avons mis en évidence dès dimanche soir, un autre résultat important de ce scrutin est la nouvelle belle performance réalisée par Aube dorée.

Le parti néo-nazi confirme son score réalisé en 2012. Avec 7% des voix et 17 élus, il est aussi la troisième force politique au Parlement. De quoi donner un arrière-gout particulier à ces élections.

Mais si la Seconde guerre mondiale est évoquée depuis hier pour commenter l'élection grecque, ce n'est pas à cause d'Aube Dorée. C'est notamment la question de la dette qui est propice à des comparaisons qui, sans contexte, pourraient faire penser au fameux point Godwin. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si le premier acte d'Alexis Tsipras, investi Premier ministre, aura été de se recueillir sur un lieu où 200 Grecs ont été exécutés par les nazis en 1944.



Mélenchon: "Et l'occupation nazie alors?"

En France, c'est Jean-Luc Mélenchon qui a mis les pieds dans le plat ce lundi matin. Reprenant une vieille argumentation de Syriza et une idée déjà évoquée par Daniel Cohn-Bendit en 2012, le député européen a fait le lien entre la dette grecque de 2014 et l'occupation nazie durant la Seconde guerre mondiale. Farouche défenseur de l'annulation de la dette grecque et adversaire patenté d'Angela Merkel, le patron du Front de gauche estime que c'est à l'Allemagne de payer.

"Les Allemands ont occupé la Grèce et lui ont fait payer les frais d'occupation et jamais cette dette n'a été annulée. Alors si vous voulez que les Grecs payent leur dette, les Allemands doivent payer la leur. (...) Je vais vous dire une chose : les Grecs n'ont envahi personne, ils n'ont tué personne, ils n'ont occupé aucun autre pays. Alors on ne va pas les traiter plus durement que des peuples qui ont fait tout ça", a estimé Jean-Luc Mélenchon sur France 2.

Et l'eurodéputé de conclure en visant une fois de plus la Chancelière allemande: "Madame Merkel doit comprendre la réalité parce que si elle ne la comprend pas il lui en cuira."



C'est en 2010, que l'idée est vraiment apparue pour la première fois dans le débat public quand le vice-premier ministre grec Theodors Pangalos avait, lors d'un voyage en Allemagne, mis en avant les réserves d'or de la Banque de Grèce "volées" par l'Allemagne. Un secrétaire d'Etat aux Finances avait alors avancé le chiffre de 162 milliards d'euros à mettre en rapport avec les 350 milliards de dette (fin 2011).

Même l'Allemagne en 1945 a vu sa dette restructurée

Évoquer l'après Seconde guerre mondiale pour analyser les conséquences de la crise grecque, Thomas Piketty aussi l'a fait. De manière plus subtile que Jean-Luc Mélenchon, l'économiste star a pris cet exemple pour expliquer comment la dette grecque doit être restructurée.

A la question de savoir si une partie de la dette doit être annulée, voici sa réponse, ce lundi matin sur France Inter. "Dans l'histoire, ce qu'on observe, c'est que des pays comme la France ou l'Allemagne qui ont eu des niveaux de dette publique de 200 % du Pib en 1945, supérieure à la Grèce, ils s'en sont débarrassés par l'inflation ou la répudiation pure et simple de la dette sinon, ils auraient toujours à la payer aujourd'hui", a lancé Thomas Piketty.



26 Janvier 2015

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