Europe : le débat, c'est maintenant !
Par Thierry Repentin, Jacques Delors, Elisabeth Guigou et Antonio Vitorino




Cette tribune est signée à l'occasion de la conférence "Europe : le débat c'est maintenant" du 16 septembre 2013 organisée à l'Assemblée nationale par Notre Europe-Institut Jacques Delors, Eurocité et Europartenaires dans le cadre de la campagne pour les élections européennes de 2014. Elle a été publiée ce week-end dans Le Journal du Dimanche, dans une version courte. En version la version intégrale.

L'UE est-elle trop ouverte ? Pas assez solidaire, ou trop dispendieuse ? La crise l'a-t-elle rendue trop intrusive ? Trop favorable à l'austérité ? L'UE fait-elle ce qu'il faut pour réguler la finance folle ? Pour lutter contre le chômage, qui frappe durement les jeunes ? Comment devrait-elle mieux préserver l'environnement ? Quel doit être son rôle dans son voisinage et au niveau global ? Ses relations politiques et économiques avec les Etats-Unis ? Comment doit-elle faire face à sa dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie et du Golfe ? L'Europe vieillissante doit-elle se doter d'une politique migratoire commune ? Comment démocratiser l'UE ?...

Voilà quelques uns des enjeux du débat politique ouvert et approfondi devant nous conduire au choix électoral du printemps prochain.Un tel débat doit permettre avant tout d'offrir aux citoyens des orientations et des propositions en phase avec leurs attentes. A cette occasion, l'Europe doit se projeter au-delà de la crise économique et sociale, tout en redéfinissant sa place dans la mondialisation. C'est à cette condition que le rêve européen pourra être "ré - enchanté".



L'UE n'est bien sûr pas responsable de tout, ses compétences et ses pouvoirs sont limités. Elle ne mérite ni les excès d'honneur ni les excès d'indignité dont elle est si souvent l'objet. Mais ses décisions et ses politiques ne tombent pas du ciel : elles découlent de négociations entre institutions européennes et gouvernements nationaux. Les citoyens doivent donner une impulsion, une orientation. Elire nos représentants au Parlement européen est le moyen le plus direct de le faire. C'est une occasion unique à saisir dans un contexte où le pas entre l'euro-scepticisme, l'euro-indifférence et le rejet pur et simple du projet européen risque à tout moment d'être franchi.

Le rendez-vous du 25 mai 2014 est d'autant plus essentiel qu'il s'agira de choisir entre des conceptions très différentes du projet européen.

D'abord parce que les partis extrémistes entendent faire de ces élections une sorte de référendum pour ou contre l'UE ou l'euro, en tirant parti de la dégradation de l'image de la construction européenne qu'ont engendrée la crise et sa gestion.

Mais aussi, parce que les forces politiques européennes sont appelées à désigner leur candidat à la présidence de la Commission. Cette nomination par le Conseil européen se fera en tenant compte des élections de mai 2014 et devra être approuvée par le Parlement européen. Ces élections vont ainsi permettre de mettre des visages sur les clivages qui structurent la vie politique européenne, en écho aux votes des électeurs. Elles devront aussi conduire à aller au-delà de la vieille opposition "pro/anti Europe", grâce à une confrontation claire entre des visions différentes du fonctionnement, des politiques et de l'avenir de l'UE.



C'est donc aussi sur ce double registre que le débat doit s'engager, pour mettre en exergue les divergences qui séparent les conservateurs, les libéraux, les socio-démocrates, les écologistes et les communistes. A cet égard, les élections porteront logiquement sur le bilan d'une UE largement dominée par les conservateurs et les libéraux au cours des dernières années, aussi bien au Parlement européen qu'à la Commission et au Conseil européen. Elles doivent aussi conduire à départager des programmes alternatifs pour l'UE à l'horizon 2020, afin d'offrir autre chose qu'un dilemme mortifère entre partisans du statu quo et promoteurs du repli sur soi.

Ne laissons pas le champ libre aux eurosceptiques de tout bord, et proposons aux citoyens d'autres horizons européens ! La gauche française et européenne, dynamisée par l'arrivée au pouvoir de François Hollande, a une responsabilité particulière dans cette perspective.

C'est ce qu'elle s'attèle à faire depuis un an, et déjà, les signes de la réorientation de l'action européenne sont perceptibles. Il faut les amplifier dans les mois qui viennent, pour une Europe plus sociale, plus proche des besoins et des aspirations des citoyens (notamment en matière de formation, de lutte contre le chômage des jeunes, de combat contre le dumping social, d'accompagnement des travailleurs détachés ou encore de protection de l'environnement).

A ceux qui critiquent l'UE comme à ceux qui l'apprécient, à ceux qui soutiennent certains de ses choix comme à ceux qui les récusent, nous donnons d'ores et déjà rendez-vous : c'est dès maintenant qu'il faut débattre de l'Europe telle qu'elle est et dessiner celle que nous voulons.

Thierry Repentin, Ministre délégué chargé des affaires européennes Jacques Delors, Président fondateur de Notre Europe - Institut Jacques Delors, ancien Président de la Commission européenne Elizabeth Guigou Présidente de la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, Présidente fondatrice d'Europartenaires, ancienne ministre et Antonio Vitorino, Président de Notre Europe-Institut Jacques Delors, ancien commissaire européen.

17 Septembre 2013

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