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Un Monde en suspend
Par Gilles Marchand - Informations sans Frontières - Avril 2024 - 24/04/2024 (MIS À JOUR le 24 Mars 2024 à 16:00)

Nous sommes à la croisée des chemins. Soit nous irons vers une version de l’histoire violente, un projet mondial qui ira vers plus de régimes autoritaires, soit nous aurons collectivement les ressources de défendre les valeurs de liberté et de démocratie qui sont les nôtres pour faire advenir un monde nouveau, plus respectueux des besoins de chacun.

Nous étions le samedi 20 avril 2024, la Chambre des Représentants prenait à Washington ses responsabilités et votait résolument l’aide à l’Ukraine, un package de 61 Milliards de dollars, très divers, qui changeait le cours de la guerre livrée par Moscou à Kiev. Il était temps. Sur le terrain la situation était catastrophique et surtout le moral des troupes ukrainiennes avait tendance à s’effriter. Cela faisait plus de six mois, que le vote était bloqué par les républicains et leur speaker Mike Johnson. Ces atermoiements étaient directement inspirés par une retenue imposée par Donald Trump qui, à lui seul, s’était mis en capacité de faire échouer toute l’action de résistance du monde libre à l’agression russe à l’est de l’Europe. Il apparait chaque jour un peu plus que nombre d’hommes et de femmes politiques dits occidentaux font en réalité le jeu du Kremlin, soit parce qu’ils sont dans une proximité idéologique avec le projet du dictateur russe, soit parce qu’ils sont directement rémunérés par lui dans une forme choquante de corruption qui est d’autant plus grave qu’elle peut amener à saboter les fondements de la civilisation occidentale avec des conséquences gravissimes en terme d’avenir des libertés publiques et de la sécurité pour leurs états. 

Ce qui est à l’œuvre dans cet affrontement, c’est l’émergence souhaitée par les autorités russes d’un changement de l’articulation mondiale à vaste échelle, destinée à évoluer vers ce que certains de ses idéologues appellent la Majorité Mondiale. Une entente mondiale destinée à poser les bases de la revanche de l’empire soviétique, suite à son effondrement après la chute du mur et le démembrement de l’URSS. Un projet mondial visant à unifier une majorité de pays émergents autour de valeurs anti-démocratiques et d’une pseudo vision de l’Homme de l’Ouest, présenté comme étant post humain, voire anti humain. Dans cette intention de contrer la perte de son influence mondiale, l’empire qui souhaite d’ailleurs revenir à son ancien intitulé soviétique, n’hésite pas à vouloir entrainer ses partenaires putatifs dans la guerre, notamment la Chine, y compris nucléaire, alors que les chinois aspirent plutôt à une forme de stabilité mondiale, propice au commerce international, source de sa prospérité. La Russie cherche également un accès au sud via des routes qui passeraient par l’Iran, jusqu’à établir des bases militaires en Arabie saoudite, au mépris des réalités sunnites et chiites de ces deux ensembles. Elle méconnait les intérêts concurrents de l’Inde, vis à vis de la Chine, notamment dans l’Indo pacifique, cherchant à agréger tous ses pays au détriment de leur histoire propre et de leurs intérêts géostratégiques respectifs. Elle met en avant la supposée propension coloniale de la France de l’Europe ou des États Unis, alors même qu’elle met elle même en place une forme de néocolonialisme, prédateur des ressources minières et naturelles de ces ensembles, notamment en Afrique, ou elle s’appuie sur une propagande effrénée d’influenceurs locaux, pour soulever des populations fragiles, excédées par d’autres facteurs, dont une agression djihadistes venue du Sahel, pour provoquer des coups d’états, et instituer des gouvernements fantoches basés sur des juntes militaires. Dans cette vision, la Russie cherche à jouer sur la sécurité alimentaire comme moyen de pression, ce qui rejoint la prédation qu’elle cherche à faire des céréales ukrainiennes, soit en se les accaparant, soit en les détruisant afin de jouer sur les approvisionnements et leurs cours. Une arme terrible qu’elle pourrait utiliser pour faire pression dans certains théâtres sur les populations qui lui résisteraient. Le but de ce projet n’est pas de créer une architecture globale, mais une influence internationale basée sur une régionalisation de clusters politiques dominés par les grandes puissances continentales. Elle vise à modifier également l’ONU à son profit, faisant fi du droit international, remettant en cause l’architecture en vigueur, pour transférer en s’appuyant sur des BRICS élargis, son siège de New York, à Ankara ou à Shanghaï.




Ce monde autoritaire, visant à recourir à la guerre et à la domination mondiale à plusieurs, est en suspend. Il est en germe dans tous les mouvements initiés par la Russie depuis quelques années. Mais un autre monde est possible. Une architecture différente, basée sur la mise en exergue des droits humains, qui sans être faible ou vulnérable, est possible car elle correspond à l’aspiration profonde des peuples. Quand les russes cherchent à opposer le « milliard doré » des habitants des pays dits riches, du reste du monde, il est au contraire possible d’élargir cette frange au reste de l’humanité, par des politiques inclusives, basées sur une meilleure prise en compte de l’écologie, réalisant la transition énergétique, accroissant la prospérité individuelle et collective de ses habitants tout en la rendant environnementalement soutenable, réfléchissant à une sécurité alimentaire véritable, grâce à un maillage économique plus équilibré qui établisse des relations adultes et respectueuses entre les nations et les états. L’Afrique était ciblée. Il lui faudra sortir de la dépendance à la Chine et de l’hégémonie de la Russie. Et établir des partenariats avec les pays libres du monde pour une meilleure prise en compte des intérêts africains réels, non dans l’esprit de théoriciens russes, mais bien dans l’esprit des africains eux mêmes. L’Europe peut être une immense facilitatrice de ce mouvement. 

Cette articulation possible entre deux mondes n’est pas tout à fait jouée. Il est nécessaire que les conceptions intellectuelles de tous évoluent dans le sens d’une meilleure compréhension des enjeux en cours. Conscients de ces risques, notamment de guerre, il sera plus facile de faire pencher le monde vers un destin plus heureux et plus prospère, exempt des risques environnementaux que les conflits armés ne manquent pas de provoquer. Il s’agit de ne pas démériter et de ne pas flancher face aux adversaires de la liberté. Les combattre pour ce qu’ils sont : des saboteurs des projets et organisations inclusifs et positifs du monde. Des criminels en puissance qui n’auront aucune espèce de faiblesse envers les résistants et les rebelles à leur cause mortifère. Il est surtout nécessaire que l’Ukraine gagne la guerre, qu’elle ait les possibilités non seulement de se défendre, mais aussi d’établir un rapport de force stratégique y compris à l’intérieur du territoire russe et de ses infrastructures énergétiques, en vue de négocier une paix équitable, qui enjoint la Russie à réparer les dégâts qu’elle aura causé en Ukraine et ailleurs. Ce qui est en jeu, c’est la défense des valeurs des pays libres et des pays qui aspirent à devenir libres. C’est un service essentiel rendu à l’humanité, pour que le monde penche du côté d’une forme de bien extensible à tout le globe. 

C’est ni plus ni moins l’enjeu de ce qui se joue en Ukraine et ailleurs. 


 


24 Avril 2024

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