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Europe, Danger immédiat
Par Gilles Marchand - Informations sans Frontières - Mai 2020 - 01/05/2020 (MIS À JOUR à 12:00)

Nous sommes tous encore, pour la plupart d’entre nous, dans un tel état de sidération face à la crise que nous vivons, que nous ne percevons pas les signaux clairs qui nous parviennent de toutes les régions d’Europe. Ne pas attendre l’aggravation des choses devrait être notre priorité. Liste de choses urgentes à faire.

Comme l’orchestre du Titanic, tétanisé par l’imminence du naufrage, nous continuons, pour la plupart d’entre nous, à jouer une partition devenue souvent absurde, sans faire les gestes indispensables qui devraient être issus des premières décisions à prendre. La plupart des fonctionnaires européens tablent sur une compétence sanitaire qui leur échappe pour revenir aux sujets régaliens traditionnels, comme l’Ukraine. C’est en partie faux tant la commission et surtout le conseil européen s’activent, mais c’est malheureusement la perception de beaucoup et il y a énormément à faire, tant d’ailleurs, que l’ampleur de la tâche parait presque insurmontable. Les gouvernements ont toute autorité pour gérer cette crise sanitaire selon des critères parfois idéologiques, les politiques de santé publique. Responsabilité écrasante, d’une difficulté épouvantable qui peut ralentir le processus décisionnel tant est compliquée, et lourde de conséquences, la gestion de la crise.


Hélas, la crise sanitaire a provoqué une crise économique majeure et cette crise se double déjà d’une crise sociale inédite, qui provoquera elle-même des soubresauts politiques. Il est à redouter qu’une nouvelle vague populiste, potentiellement autoritaire à terme, ne cherche à s’imposer en Europe, en plus des tensions migratoires qui vont sans doute s’accentuer au vu de la situation économique en Afrique. Des dégâts sociaux qu’il faudra résorber. Une majorité de gauche pourrait néanmoins émerger, si elle trouve des hommes à la hauteur du contexte politique, une fédération des forces progressistes favorables à une véritable justice sociale, protectrice des plus faibles, comme réponse à cette destruction sociale. Une volonté de prendre en compte et de protéger les couches populaires, tout en faisant évoluer les modes de production pour les rendre environnementalement responsables. La nécessité de cette approche se fait chaque jour plus pregnante. Le gouvernement actuel entame ce cycle sans pouvoir nécessairement le faire aboutir pour des raisons de doxa économique. Une fracture idéologique se creuse désormais entre lui et les français.


Il est pourtant crucial de traiter la situation. Prenant les choses dans l’ordre de leur apparition, il faut pour les résoudre, les traiter toutes à la fois, selon une conception systémique sans faille, qui puisse résoudre chacune des problématiques, en liaison les unes avec les autres, et ne négliger aucune des conséquences de chaque faisceau de décisions sur l’ensemble de la situation générale. Faire peu à peu affleurer des signes de rémission dans le corps social. Faire un travail de médecine sociétale.




Les sujets sont tous connexes, mais il est important d’avoir une vision qui soit à la fois très générale et macroéconomique, et particulière, précise, microéconomique, pour traiter des domaines spécifiques qui sont liés entre eux afin de les faire coïncider. Pratiquer une jonction par capillarité de tous les tissus sociaux à réinerver. Ce qui s’est figé et effondré, c’est la production de richesse. Partout où l’on porte son regard, on trouve des naufragés du Covid-19. Le confinement généralisé a eu un coût terrible, parce qu’il a pratiquement tout bloqué dès le départ ou presque. Peut-être aurait-il été possible de contingenter l’’épidémie plus en amont si nous avions pu déceler quels étaient les cas zéro, les premiers malades venant de Chine ou d’Italie et mieux les confiner. Mais nous ne réécrirons pas l’histoire. Il faut lutter au présent et au futur, en fonction de ce qu’est la situation réelle de chaque jour.


Aujourd’hui, les urgences sont là. La nécessité de ne plus exagérément circuler est intégrée. Nous nous sommes faits à cet état, mais il faut se préparer à reprendre une activité normale. Pourtant rien qui ne soit automatique. Le déconfinement doit être ultra-précautionneux. Ultra-progressif et fait dans le respect absolu des principales recommandations sanitaires. Les masques sont bien sûr une nécessité forte voire systématique. Les secteurs économiques qui aujourd’hui souffrent, devraient faire l’objet d’un assoupissement des règles du moment que la salubrité des activités ainsi menées est strictement garantie. Je pense aux restaurants, bars et hôtels dont il ne faut pas attendre la disparition par faillites pour permettre de relancer une activité qui, même restreinte, permettra une jonction et une lente remontée en puissance.

Je pense au tourisme dont il ne faut pas sabrer l’apport économique en lui donnant désormais des perspectives auxquelles il puisse s’atteler pour organiser son redépart. Nous serons, au moins au début, privés de l’apport des touristes étrangers. Il faut dès à présent ouvrir, de manière virtuelle, les locations à venir des étrangers désireux de découvrir notre pays après la crise en fixant un calendrier qui lui donne une visibilité.


Je pense à l’Agriculture dont il faut organiser les débouchés de manière plus souple et plus imaginative. Ne pas donner une visibilité impossible comme pour la vente du muguet de la veille pour le lendemain. Sauver la filière horticole. Multiplier les ventes via les livraisons en ligne et la distribution. Réorganiser les fruits et légumes pour faire émerger des filières rénovées.

Je pense au Commerce. Les plate-formes en ligne doivent être multipliées comme c’est déjà le début pour croiser tous les domaines d’activités, l’artisanat, le commerce et ne pas laisser à de grands groupes type Amazon le monopole de la livraison en ligne. Des coopératives doivent s’organiser. De nouvelles congrégations. De nouveaux secteurs commerciaux. Des structures imaginatives qui doivent fédérer les énergies d’un nouveau secteur économique informel, celui des biens immatériels et numériques. Une génération qui doit s’emparer des outils qu’il offre pour pallier les manques qui se sont fait jour. Le codage et les compétences numériques doivent être une compétence élargie pour de nombreux français. Si vous n’êtes pas « computer litterate », quelqu’un doit pouvoir vous aider. Le télétravail doit être en partie adapté, peut être en partie dévié vers les secteurs qui nécessitent cet apport. C’est une complète réorganisation de la société qui doit intervenir. Une mobilisation selon d’autre termes plus adaptés à la situation particulière que nous vivons. Un effort spécifique est nécessaire. Le pays est en mesure de le faire. Il a relevé des défis comparables.

Je pense à la Culture et à la création dont il faudrait que les acteurs intermittents puissent bénéficier de mesures spécifiques. Mais aussi de formes d’assouplissement particulières qui permettent là aussi une reprise progressive. Les gens de culture imagineront leur avenir. Ils utilisent les réseaux sociaux et internet pour créer des spectacles d’un nouveau type. Il faudrait imaginer des formes de valorisation de cette activité foisonnante. Tout ne peut pas toujours être intégralement gratuit. Il faut recréer de la valeur et des revenus pour les artistes.

Je pense à l’Éducation qui est une question épineuse et complexe. Là aussi c’est le même principe qui doit être à l’œuvre. La diversification des apports pédagogiques. Le numérique, le télétravail, là aussi doivent intervenir. Une reprise des cours progressive. Des gestes barrière, des masques obligatoires dès dix ans. Si possible avant. Jusqu’à sept ans. Aider en priorité les jeunes de 18 à 25 ans qui possèdent moins de droits pour leur ménager un revenu universel. Certaines banques proposent une aide spécifique. Un apport minimal qui leur permette de subsister au départ et rétablisse progressivement les enseignements supérieurs dans une forme souple qui fasse une part belle aux apports en ligne.

Je pense aux Finances françaises et européennes. Le BCE devrait être en mesure de prêter de « l’argent hélicoptère », sans création de dette, qui soutienne directement les états, y compris la France, les entreprises et les ménages. Ce plan d’intervention a déjà été initié, mais il mérite d’être complété. Les EuroBonds doivent être multipliés. Une mutualisation des dettes ultra nécessaire à tous les états européens, y compris et en particulier pour ceux qui croient pouvoir s’en affranchir, alors qu’ils sont les grands bénéficiaires d’un projet qui pourrait être mortellement atteint remettant en cause leur prospérité à venir. Cette pérennité du projet doit être renforcée elle-aussi, tant c’est important pour les équilibres internationaux et l’avenir du monde. La personnalité juridique de l’Union européenne doit être renforcée afin de lui permettre d’emprunter. Un budget européen très largement accru. Une inflation de deux pour cents qui alimente la possibilité, mesurée et maitrisée, de faire face. Une TVA européenne de deux pour-cent également devrait en parallèle être créée. Une conscience accrue de notre interdépendance européenne. Des solidarités qui s’organisent. Une obligation pour lutter contre les forces centrifuges qui menacent l’idéal européen. L’avenir sombre que l’on nous prédit n’est pas une fatalité.

Il faut répondre de manière urgente à toutes ces problématiques et à d’autres, comme le Logement qu’il ne faut pas entraver en permettant les actes notariés numériques, les ventes en ligne, la signature électronique, les visites virtuelles, etc… Partout les structures de la société doivent être adaptées à la situation nouvelle. Moderniser sans attendre des pratiques professionnelles, en liaison avec le secteur bancaire et le secteur prudentiel des assurances.

Assouplir les démarches de création d’entreprises en ligne. Créer un nouveau tissu industriel et des services, de nouvelles formes d’activités, qui soient encadrées, mais libres de prospérer d’une manière plus actuelle en tirant davantage parti des outils numériques que nous n’avons pas encore véritablement adaptés à nos besoins nouveaux. Une rénovation générale qui doit être la réponse d’une société confrontée à une pandémie redoutable, mais dont nous pouvons faire quelque chose de salvateur. Nous allons avoir besoin de cette résurgence pour faire face à la crise économique qui se profile et lui opposer une architecture sociétale renouvelée. Ce Renouveau peut être un horizon à la fois enviable et viable.

Un chemin carrossable pour sortir du marasme qui s’annonce.

1er Mai 2020

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