La reprise économique s’accélère : tout converge
Par Alexandre Mirlicourtois, Xerfi


La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, la reprise économique s’accélère.

Derrière les grèves, la vraie reprise est confirmée. Car, n'en déplaise aux grincheux, le chiffre de la croissance française au 1er trimestre est doublement bon. D'abord par son intensité. Avec un gros 0,6%, cela donne en annualisé une vitesse instantanée de 2,6% au PIB. Mais ce n'est pas tout. Il faut ensuite regarder les composants. Et là plus de doute, c'est du solide.



Il y a d'abord l'envolée de 1% de la consommation des ménages. Bien entendu, il y a dans ce 1%, des reports d'achat de la fin du 4ème trimestre sur le début d'année après les attentats du 13 novembre. Bien entendu aussi, le retour des températures aux normales saisonnières a fait bondir les dépenses d'énergie. Mais la tendance de fond est bonne : depuis octobre dernier, les dépenses réelles des ménages en biens (qui couvrent 50% environ des dépenses totales) évoluent sur un rythme annuel de 2%, toujours largement soutenu par les dépenses d'équipement du logement qui sont sur une trajectoire de croissance 7% l'an. Avec la consommation des ménages, l'autre très bonne nouvelle, vient de l'investissement des entreprises.



A +2,4%, sa progression est la plus vigoureuse depuis le 1er trimestre 2008. C'était avant, la grande récession. Plus fort encore, la décomposition même de l'investissement. En hausse de 6,6% sur le trimestre, les dépenses en biens d'équipement ont explosé. C'est la progression la plus rapide depuis... depuis le 1er trimestre 1995. Sur ce point précis, l'euphorie n'est pas loin même s'il y a un peu de « gonflette » liée à l'effet d'aubaine attaché au dispositif de sur-amortissement. Certains ont encore du mal à l'admettre, mais la reprise est donc bien là et ce n'est pas un feu de paille. Les employeurs notamment reprennent confiance en l'avenir, et cela se ressent sur leurs perspectives d'embauche. D'après l'enquête « Besoins en main d'œuvre des entreprises » menée par Pôle Emploi, le nombre de projets de recrutements pour cette année est en hausse de 5,1%, c'est 88 000 de plus qu'en 2015. Autrement dit, la plus forte depuis le début 2002, même si des changements de méthodologies en 2010 rendent les comparaisons hasardeuses.



Des intentions aux actes, il y a parfois un grand pas

Mais il a été franchi. Sur un an, les créations d'emplois dans la sphère marchande (qui concerne principalement les postes salariés du secteur privé non-agricole) sont en hausse de près 107 000, au plus haut depuis 2011. C'était jusqu'alors la pièce manquante de la reprise, celle capable d'inverser la courbe du chômage. C'est maintenant chose faite et les ménages y croient et c'est bien là un changement radical En mai dernier, leurs craintes sur l'évolution future du chômage se sont nettement apaisées et sont même aux plus bas depuis juin 2008. Un important verrou vient de sauter. Moins inquiets, les ménages peuvent ainsi lâcher un peu la bride et dépenser plus en puisant en partie dans leur épargne. L'amélioration de l'emploi aidant, les revenus d'activité vont également progresser permettant prenant le relai des effets du contre-choc pétrolier.



Mais ce n'est pas fini. Plus optimistes, les ménages ont la perception d'un horizon économique qui se dégage et devraient confirmer leur retour sur le marché de la construction neuve. Après 10 trimestres de baisse, l'investissement logement bouge et les ménages devraient passer à la vitesse supérieure d'autant que les conditions de financement restent très bonnes. Les entreprises françaises n'auront donc pas de problèmes de débouchés internes. Ni externe d'ailleurs. Certes, en dehors de la zone euro, le monde grimace.



Mais il faut insister sur l'exceptionnelle convergence des principales économies eurolandaises qui accélèrent toutes et avec ce même ressort de la demande domestique. Cela rend la zone euro un peu moins perméable aux chocs externes. Loin d'avoir donné ses pleins effets au seul 1er trimestre, la reprise va s'étendre et c'est bien pour cela qui nous maintenons notre prévision à 1,7% cette année. C'est au-dessus du consensus, c'est même au-dessus de celle du gouvernement ! Du moins officiellement, car les chèques-cadeaux électoraux adossés à ce surplus de croissance, eux, montrent qu'il mise déjà sur quelques rentrées fiscales supplémentaires.



10 Juillet 2016

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