L'eau, le changement climatique et le développement durable



Députés européens et experts ont examiné ce mardi les liens entre réchauffement climatique et gestion des ressources hydriques mondiales, dans le cadre de la 4ième session thématique de la commission temporaire s du PE sur le changement climatique. Les pénuries d'eau, le changement climatique et le développement durable sont étroitement liés et ne pourront être résolus séparément, ont-ils souligné.
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L'eau est l'une des sources de changement climatique, mais aussi un bon indicateur de variation du climat", selon Gutiérrez-Cortines (PPE-DE, ES). "C'est la ressource qui affecte le plus la vie humaine". Dans l'optique d'une raréfaction de l'eau, a-t-elle ajouté, "le processus d'adaptation exigera nombre de sacrifices et changements dans notre mode de vie".
 
Une approche commune de la gestion hydrique
 
S'exprimant au nom de Achim Steiner, Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE), Kaveh Zahedi a estimé qu'il est "difficile d'établir un lien entre pénurie d'eau et changement climatique d'une part et entre changement climatique et développement durable de l'autre". Selon lui, il est clair que "remplir les Objectifs du Millénaire pour le développement s'avérera impossible pour l'eau comme pour les autres aspects" sans changement radical de politique pour l'après-Kyoto. Cela dit, "nous ne pouvons pas mettre à part les questions relatives à l'eau et les traiter uniquement avec des politiques de gestion hydrique", a-t-il souligné.

Les pays en développement ne seront pas les seul à subir le changement climatique par le biais de problèmes liés à l'eau. Le sud de l'Europe, selon M. Zahedi, deviendra "particulièrement vulnérable aux sécheresses": les précipitations dans la région baisseront de près de 80% dans les prochaines décennies", prévient-il.  Une politique hydrique sensée en Europe et dans les pays avoisinants, a affirmé M. Zahedi en conclusion, "doit se faire dans la logique d'un combat contre le changement climatique", tout comme "toute campagne contre le changement climatique doit s'articuler autour de l'eau".
 
Le Professeur Riccardo Petrella, Président du European Research Institute on Water Policy, a souligné la dimension humaine de la pénurie mondiale d'eau: pas  moins de 1,5 milliard de personnes n'ont pas accès à l'eau potable et 2,6 milliards de personnes sont privées de toilettes. Les catastrophes écologiques sont en fait un désastre culturel", a-t-il ajouté.
 
Agriculture, bio-carburants et changement climatique

Lors d'un débat sur le "développement durable, le changement d'affectation des terres et le bétail", le président du Forum européen Eco-Social (et ancien commissaire européen) Franz Fischler a soulevé le rôle de l'agriculture - passé, présent et à venir - dans le changement climatique. Selon ses termes, "l'agriculture est en partie responsable du changement climatique. Elle sortira à la fois perdante et gagnante des mutations entraînées par le changement climatique". Toutefois, M. Fischler pense que l'agriculture peut aussi "atténuer les effets du changement climatique". La biomasse, par exemple, "deviendra une matière première importante capable de remplacer le pétrole et le gaz", à condition qu'elle soit produite dans des conditions "durables".
"Je suis surpris par la confiance qui existe à l'égard des biocarburants", a ajouté M. Fischler. "Nous sommes encore loin de la viabilité pour le secteur des biocarburants, même en termes économiques. Il faut mettre le paquet sur la recherche et le développement".

Les biocarburants ont urgemment besoin de critères de durabilité", a affirmé M. Zahedi, relevant qu'il faut 1000 litres d'eau pour produire un litre de biocarburant". Répondant à une question de Vittorio Prodi (ADLE, IT), M. Zahedi a admis qu'aucune conclusion n'a été tirée pour l'instant sur les critères de durabilité, mais que ceux-ci devraient probablement inclure "la nécessité d'éviter des hausses de prix pour les prix des biens de consommations locaux ainsi que l'incidence des biorcarburants sur la biodiversité".
 
En fin de débat, Mme Gutiérrez-Cortines a souligné le manque de prise de conscience dans certains secteurs. "Une approche plus scientifique est nécessaire", a-t-elle insisté, "nous devons trouver une méthode commune pour analyser nos problèmes". Le rapporteur du Parlement sur le changement climatique, Karl Heinz Florenz (PPE-DE, DE) a évoqué les manquements dans l'application de la législation dans le domaine de l'eau. "Les règles sont là; c'est le respect de leur mise en oeuvre qui pose problème". La conclusion du rapporteur: "Nous ne savons pas tout, mais bien assez pour mettre en route nos actions".

Commission temporaire sur le changement climatique
Guido Sacconi (PSE, IT)

Janvier 2008

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