COP 21
Avant la COP21, quels sont les engagements des Etats pour le climat ?

Par Alexandre Pouchard

Quelques mois avant la conférence sur le climat qui se tiendra à Paris en décembre 2015, la Chine a rendu mardi 30 juin sa « contribution » établissant son engagement lors de la COP21. Conformément à ce à quoi elle s'était engagé lors de son accord avec les Etats-Unis en novembre 2014, Pékin a fixé à 2030 le pic de ses émissions de gaz à effet de serre, « si possible avant », avant de commencer à les réduire. Elle va également tâcher de réduire de 60 à 65 % le niveau d'émissions de CO2 par point de PIB par rapport à 2005.

58 %
Au 15 juillet, 47 pays (dont les 28 de l'Union européenne) ont rendu leur contribution auprès de l'ONU. Un premier point d'étape avait été fixé au 31 mars pour ceux qui étaient « prêts à le faire ». Les autres le feront progressivement jusqu'à la prochaine date limite, fixée au 1er octobre. Au total, les Etats qui ont rendu leurs contributions représentent pour le moment 58,1 % des émissions mondiales, notamment après celle de la Chine (23,2 %), des Etats-Unis (12,64 %), de la Russie (4,9 %) et du Japon (2,6 %). L'Inde (6,3 %) manque encore notamment à l'appel, entre autres.

La carte ci-dessous synthétise les engagements de réduction des gaz à effet de serre (GES) de chaque pays, en fonction de leur part dans les émissions mondiales en 2012 (selon les données du World Resources Institute) :
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1. Emissions de gaz à effet de serre : des périmètres différents

Difficile de comparer les engagements de réduction de GES entre eux car, avant une éventuelle uniformisation lors de la COP21, chaque Etat détermine la « date référence » à partir de laquelle il met en place ses mesures de réduction.

40 %
Ainsi, les 28 Etats de l'Union européenne se sont engagés à réduire de 40 % ses émissions de GES d'ici à 2030 par rapport à 1990, soit la même date que celle évoquée dans le protocole de Kyoto, signé en 1997 et entré en vigueur en 2005. La Russie, la Norvège ou encore la Suisse ont choisi la même date référence.

26 À 28 %
Les Etats-Unis se sont engagés à une réduction de 26 à 28 % d'ici à 2025... mais par rapport au niveau de 2005. Cette année-là, le pays a connu un pic d'émissions à 5,8 milliards de tonnes d'équivalent CO2 émises (combustion de ressources fossiles inclue), contre 5,2 milliards en 2013 par exemple. Le Canada a fait de même, lui aussi ayant connu une forte augmentation de ses émissions entre 1990 et 2005.

Global Carbon Project

2. L'enjeu des forêts

25 À 30 %
La Russie a rendu une copie en apparence ambitieuse en s'engageant à réduire de 25 à 30 % des émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030 par rapport à 1990. Seulement, Moscou mise beaucoup sur ses forêts, qui représentent 25 % de la surface forestière mondiale. Qualifiées de « puits de carbone » car stockent le CO2, elles permettent de compenser des hausses d'émissions.

Le projet russe est finalement limité et présente « l'avantage » de ne pas avoir à changer en profondeur son modèle énergétique. Mais il pourrait être contrarié par les flammes : le World Resources Institute (WRI) s'est inquiété début avril de la croissance des incendies de forêt dans le monde et notamment en Russie. Le pays a perdu 4,3 millions d'hectares par an en moyenne entre 2011 et 2013, ce qui constitue le quart des pertes forestières mondiales.

La Russie n'est pas seule à jouer ce jeu-là : la Chine et l'Union européenne ont également inclus l'effet de stockage de CO2 par les forêts dans le calcul des émissions. En revanche, le Gabon, recouvert à 88 % par la forêt, ne l'a pas inclus dans le périmètre de réduction de ses émissions

3. Le marché du carbone

50 %
La Suisse a elle aussi fixé un objectif ambitieux : une réduction de 50 % de ses émissions de GES d'ici à 2030 par rapport à son niveau en 1990. Mais la Confédération helvétique, outre l'inclusion de la forêt dans le périmètre d'action, prévoit également d'avoir massivement recours au marché du carbone (à hauteur de 20 %), en achetant des crédits carbone et en participant à des projets de réduction d'émissions à l'étranger. Seuls les 30 % restants constitueront réellement une réduction des émissions nationales.

L'Union européenne, la Russie et les Etats-Unis, notamment, se sont engagés à ne pas inclure les marchés de compensation dans leur effort de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Qu'est-ce que le marché carbone ?

Le marché carbone est un mécanisme financier qui permet à des entreprises « économisant » l'émission des tonnes d'équivalent CO2 de vendre ces tonnes sous forme de crédits. D'autres entreprises ne parvenant pas à réduire leurs émissions peuvent ainsi les racheter, ce qui leur octroie en quelque sorte des « droits à polluer.

2 Août 2015

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