Climat : il est encore possible d'agir
Par Marielle Court


Un rapport remis à l'ONU présente les pistes pour s'orienter vers un monde libre d'énergies fossiles.

Limiter le réchauffement de la planète à 2 °C: les 192 pays réunis en 2009 pour la conférence climat de Copenhague sous l'égide de l'ONU ont souscrit à cet objectif, mais, pour l'heure, bien peu en prennent le chemin. «Nous suivons aujourd'hui une trajectoire qui pourrait nous conduire à une hausse moyenne de 5 °C» averti Fatih Birol, économiste en chef de l'AIE (Agence internationale de l'énergie).

Respecter cet engagement sera donc tout l'enjeu de la conférence climat de décembre 2015 à Paris (COP21). «Au risque sinon d'entrer dans une ère de déstabilisation très importante», insiste l'économiste Jeffrey Sachs, de la Columbia University à New York. Ce scientifique, qui dirige également le SDSN (Sustainable Development Solutions Network) créé par l'ONU, et les représentants de l'Iddri (Institut du développement durable et des relations internationales) à Paris ont décidé de mobiliser des équipes de recherche dans les 15 pays représentant à eux seuls 75 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (Australie, Chine, États-Unis, Canada, Inde, Japon, Brésil, France, Allemagne, Afrique du Sud, Indonésie, Mexique, Royaume-Uni, Russie, Corée du Sud). Objectif? Élaborer selon les contraintes et réalités de chaque pays, les mesures qui permettront de s'engager dans une trajectoire «décarbonée» et ainsi de rester en deçà de la hausse de 2 °C.
 
«Saut technologique»

Concrètement «cela signifie que les pays convergent vers une moyenne mondiale d'émissions de CO2/énergie par habitant de 1,6 tonne en 2050, la moyenne actuelle étant de 5,2 tonnes», rappelle le rapport d'étape, fruit de ce travail, remis en début de semaine à Ban Ki-moon, le secrétaire général de l'ONU, et jeudi à Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères, qui présidera la grande conférence à Paris l'année prochaine.



Les trajectoires élaborées par les chercheurs s'appuient toutes sur trois leviers fondamentaux pour diminuer l'usage des énergies fossiles. Le premier vise à améliorer l'efficacité énergétique et à accroître les économies d'énergie. La plupart des équipes évoquent ensuite une «décarbonation» de l'électricité, qui passe par un développement des renouvelables (solaire, éolien) mais sans exclure le nucléaire et la séquestration du carbone. Enfin, elles soulignent la nécessité de remplacer les combustibles fossiles dans les transports par de l'électricité «verte», des biocarburants durables ou de l'hydrogène.

«L'une des originalités du rapport tient au fait que l'on ne part pas de données mondiales agrégées pour dire aux pays ce qu'ils doivent faire, mais que l'on part de données nationales afin qu'ils puissent construire leur propre trajectoire», insiste Laurence Tubiana, fondatrice de l'Iddri et aujourd'hui ambassadrice pour le climat en charge de l'organisation de la COP21. Mais attention, souligne Emmanuel Guérin du SDSN, «on ne respectera pas les engagements sans de la recherche et un saut technologique pour réussir à se passer des énergies fossiles». Le rapport définitif sera remis au printemps prochain, quelques mois avant la conférence de Paris.

22 Août 2014

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